Le manque d’infrastructures et de professionnels de santé entraîne la désertification médicale d’une grande partie du continent africain. La concentration des médecins dans les zones urbaines limite l’accès aux soins des populations rurales isolées. Basée sur l’utilisation des nouvelles technologies de communication, la télémédecine abolit les barrières géographiques pour permettre à tous de se soigner correctement. Cette prise en charge des patients à distance contribue ainsi à réduire les déserts médicaux en Afrique.
La population africaine souffre d’un cruel manque de ressources humaines en matière de santé. En effet, l’Afrique compte aujourd’hui seulement 3 % de l’effectif mondial des soignants alors qu’elle concentre près d’un quart des malades à l’échelle de la planète. On dénombre en moyenne 15 professionnels de santé (3 médecins et 12 professions paramédicales) pour 10 000 habitants, un chiffre bien inférieur au seuil critique de 23/10 000 défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’agence des Nations Unies estime ainsi à 1,8 million le déficit en personnel de santé sur le continent africain.
Avec moins d’un médecin pour 5 000 habitants, l’Afrique subsaharienne constitue la région la plus touchée par cette désertification médicale. À titre de comparaison, la densité de médecins est 15 fois plus élevée en France. Cette statistique alarmante masque de grandes disparités entre les États : pour 10 000 habitants, on compte 8 praticiens en Afrique du Sud contre 0,4 au Mozambique. Une étude menée par l’OMS pointe en outre de fortes inégalités d’accès aux soins à l’intérieur des pays africains, ainsi que des carences en termes d’équipement médical.
En plus de la pénurie de médecins, les systèmes de santé africains sont confrontés à l’obsolescence, voire inexistence de ressources techniques essentielles telles que des électrocardiographes ou des échographes. Outil de diagnostic fiable et rapide en médecine d’urgence, l’échographie permet pourtant d’améliorer la prise en charge des patients traumatisés.
D’autre part, les centres de soins équipés de matériel médical de pointe ne disposent pas toujours d’un professionnel de santé qualifié pour interpréter les résultats. Les malades, orientés vers les établissements de référence des capitales régionales, préfèrent alors souvent se tourner vers d’autres solutions pour se soigner.
La fracture en termes de santé publique s’observe au sein même des pays d’Afrique. La répartition territoriale des ressources médicales révèle en effet de profondes inégalités entre la ville et la campagne. On constate ainsi une concentration des infrastructures de santé et des médecins dans les métropoles, notamment les capitales qui regroupent la quasi-totalité des spécialistes de toutes disciplines. Le milieu rural, où vivent pourtant plus de la moitié des Africains, se transforme par conséquent en désert médical avec pas ou peu d’accès à une offre de soins de qualité.
En effet, même lorsqu’ils existent, les établissements de santé souffrent généralement d’un manque de personnel qualifié et de matériel adéquat. Les patients de ces régions africaines isolés sont donc contraints de se rendre dans les grandes villes pour bénéficier de services de santé adaptés. Mais bien souvent, l’état des réseaux routiers et l’insécurité compliquent les trajets, quand ils ne dissuadent pas tout simplement les malades de se déplacer.
L’importante pénurie de professionnels de santé africains s’explique en partie par un nombre insuffisant d’écoles de médecine. En effet, les 48 pays d’Afrique subsaharienne ne disposent que de 170 facultés de médecine. Vingt pays n’en possèdent qu’une seule, et six pays aucune. De plus, les établissements qui forment les futurs médecins ont enregistré une perte de 10 à 18 % du corps enseignant au cours des cinq dernières années.
En outre, l’émigration d’une part importante des jeunes médecins vers les pays riches constitue un facteur aggravant. En moyenne, 27 % des praticiens africains quittent le continent à la fin de leur formation, tandis que près de 2 % décident d’arrêter l’exercice de la médecine. Cette fuite du personnel médical s’explique par le manque d’infrastructures adaptées, des conditions de travail difficiles ainsi que des perspectives de carrière et une rémunération peu attractives.
L’Afrique connaît depuis quelques années une transition épidémiologique : alors que le nombre de maladies infectieuses diminue, les pathologies chroniques (affections cardiaques, allergies, etc.) se multiplient. Le vieillissement de la population, en particulier au Maghreb, nécessite le développement de nouvelles spécialités, comme la gériatrie, qui restent encore trop peu enseignées aux étudiants en médecine.
Si les médecins généralistes sont souvent formés sur le territoire national, les futurs spécialistes subsahariens se voient parfois contraints de poursuivre leurs études à l’étranger, notamment au Maroc ou en Afrique de l’Ouest. Au Bénin, l’Université de Cotonou attire les aspirants anesthésistes, tandis qu’Abidjan, en Côte d’Ivoire, se distingue en matière de cardiologie, pédiatrie et rhumatologie. Enfin, Dakar, la capitale du Sénégal, demeure une référence pour l’ensemble des disciplines médicales.
La télémédecine utilise les nouveaux moyens de communication (internet, téléphonie mobile, etc.) pour assurer la prévention, le diagnostic, le traitement et le suivi médical des patients à distance. Elle englobe cinq pratiques complémentaires : la téléconsultation, la téléexpertise, la télérégulation, la télésurveillance et la téléassistance médicale.
La télémédecine apporte une réponse aux problématiques de la pénurie de médecins et de l’isolement géographique des populations rurales. En rétablissant l’égalité de l’accès aux soins pour tous, elle contribue à réduire les déserts médicaux en Afrique.
En outre, la médecine à distance permet d’optimiser la prise en charge des patients, de gagner du temps et de diminuer les dépenses. Elle participe à l’amélioration des conditions d’exercice des médecins, ce qui les encourage à rester dans leur pays et à s’installer en dehors des grandes villes. La télémédecine mobile en Afrique constitue ainsi un véritable enjeu de santé publique.
Son développement est favorisé par l’utilisation massive du téléphone portable par les Africains. Le taux de pénétration du mobile atteint 80 % sur le continent, et culmine à près de 100 % en Afrique francophone. Cette large diffusion facilite notamment la mise en œuvre de la téléconsultation et de la télérégulation.
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